conférence du 24 mai à l’IMA

mardi 27 mai 2025
par  dvial
popularité : 14%

article en construction - j’ai maintenant des soucis même pour publier sur ce site / et des réserves d’énergie solaire limitées donc je vais devoir m’y reprendre en plusieurs fois.

J’ai hésité à me rendre à cette conférence.
D’abord, pour de simples - et si vulgaires - raisons de moyens : les miens sont limités à un rsa - les cyniques prétendront peut être que connaître la faim entretient l’empathie.
Mais aussi par crainte de ne pas m’y sentir à l’aise, pas à ma place dans l’écosystème ...
Pourtant, j’ai besoin de comprendre. Et pour comprendre, bah il faut aller voir. On ne peut se contenter d’observer de loin pour critiquer - ou pas. Je partais d’ailleurs avec les meilleurs intentions, ravi de rencontrer des semblables avec qui échanger, discuter, envisager des choses en commun.

(cette naïveté me perd, mais c’est aussi un de mes moteurs pour avancer)

From : lumomana@riseup.net
Sent : Monday, May 19, 2025 8:02 PM
To : contact@orientxxi.info
Subject : Re : conférence 24mai ima

Bonsoir,

Je reviens vers vous pour partager mes hésitations ...

Je suppose que lorsque vous écrivez que "Nous espérons vous rencontrer à
la conférence." il s’agit d’une formule de politesse ? (très aimable)

J’hésite à venir. Je crains un peu que ce moment ne soit l’occasion pour
une certaine gauche de se compter pour se féliciter "d’en être" alors
que la situation en Palestine aujourd’hui tourne à l’horreur absolue
sans que "nous" n’ayons été capables de "nous" y opposer avec
efficacité.

J’observe que des échéances électorales (municipales) motivent cette
même gauche à distribuer les bons points entre celles & ceux qui ont
pris position très tôt après le 7 octobre, et puis celles et ceux qui
prennent le train en marche. Et même si sur ce point je peux me sentir
légitime puisque je fais partie des lucides (et que je n’en retire
aucune satisfaction) cela ne m’intéresse pas de venir pour "en être".

Ce sera avec grand plaisir que j’écouterai les différentEs
intervenantEs. Je suppose que j’apprendrai des choses intéressantes. Ce
qui pourrait suffire à justifier ce déplacement.

Or, je viens de loin, d’Ariège, en bus. Et je repars de la même façon le
dimanche matin à 10h. Une fois la conférence de presse terminée et
l’autosatisfaction partagée par tout le monde d’être "du bon côté de
l’histoire", il restera - pour ma part - une soirée/nuit à occuper avant
de rentrer.

Nous sommes bien d’accord que c’est là un sujet tout à fait personnel
qu’il m’appartient de négocier en fonction des circonstances de la
journée. Cependant je me demande si un prolongement est
envisagé/envisageable ; une action concrète commune, une manifestation,
une occupation ou tout autre forme de mise en pratique de nos griefs ?

Je ne parle pas forcément d’action hors la loi ! Juste un prolongement
de ce moment qui marquerait notre volonté d’agir / d’être visibles.

(Peut être ai je peur de m’ennuyer avant de repartir) Peut être aussi
suis je motivé pour faire de cette journée/soirée un moment fort ?
Fondateur d’un élan qui irait au delà des discussions ?

Je vous livre ces réflexions comme elles me viennent.

Je me suis permis de répondre au mail de Madame Tuaillon - demandant que
l’on prévienne assez tôt en cas de désistement - que je me donne jusqu’à
mercredi pour me décider... Je réitère donc ici. Pour laisser sans
encombre quelqu’un d’autre participer à ce moment prisé je la/vous
préviendrai.

Bon, en espérant ne pas vous importuner avec mes questionnements ; si
une idée de prolongement fait surface j’en serais ravi !

Même sans cela je suis persuadé que ce moment particulier sera un succès
 ; et dans l’attente je vous renouvelle mes encouragements et
remerciements pour cette initiative et sa préparation.

Bien cordialement
Bien à vous

dvial

La réponse fut étonnante ...
Comme une invitation ... à surtout ne pas faire ce déplacement.

De contact@orientxxi.info, le 2025-05-22 09:50

Bonjour,

Nous revenons vers vous avec de bonnes nouvelles : l’AFPS a annoncé ce matin que les conférences seront retransmises en direct sur le site ainsi que les chaînes YouTube et Twitch du journal l’Humanité (humanite.fr)

Merci pour votre intérêt pour notre média et votre soutien à la Palestine.

Bien à vous,
Orient XXI

Finalement, j’y suis allé. Plus on me zappe, plus je serai motivé à bouger. Ce genre de réponse n’est pas la bonne attitude à adopter lorsque l’on souhaite mobiliser des individuEs pour une cause, à moins de vouloir préserver un entre-soi confortable dans lequel se complaire.

Je ne vais pas disserter sur le voyage en lui-même, quoiqu’il fut plutôt plaisant. Voyager en bus c’est bien sûr voyager dans une sorte de troisième classe moderne ; et si le confort n’est pas idéal, l’ambiance y était chaleureuse, souriante, décontractée. A une heure du matin au départ de Toulouse, les voyageurs étaient plutôt jeunes, de cultures diverses, et comme nous allions cohabiter de longues heures dans ce rafiot à roulette, chacunE a fait preuve d’une extrème politesse pour rendre le trajet aussi agréable que possible. A mes côtés, un franco-coréen musicien dans un orchestre symphonique s’est endormi en regardant des vidéos de ses répétitions.

Je passerai aussi rapidement sur la séance de ciné qui a occupé ma soirée à Toulouse avant de prendre ce bus. "Black Dog" était le seul film dont les horaires correspondaient et le moment fut étrange et décalé. Plonger dans le désert de Gobi en compagnie d’un ex taulard, d’un chien maigre et d’un cirque ambulant m’a fait dériver loin, très loin de ma destination initiale. Quoique.
Pour attendre l’ouverture de la salle, je me suis posé dans le hall de ce qui est devenu l’ American Cosmographe à l’emplacement précis où je posais la librairie mobile dans ce qui était alors l’Utopia ... aucune nostalgie ; simplement le constat que si nous avançons dans le temps, le rythme de nos vies d’humains est bien rapide et dérisoire en comparaison des lieux qui nous voient passer.

Je passe aussi sur le crâne rasé qui est entré dans la salle juste après le début du film. Qui s’est assis juste devant moi dans une salle pourtant très clairsemée (j’étais au dernier rang). Et qui a juste passé une heure et demi à faire craquer ses mains et son cou dans des gestes assez surprenants pour un cinéphile. Dans le doute, j’ai tout de même usé d’un stratagème pour le semer à la sortie et remonter de Wilson jusqu’à la gare. En chemin, trois anglaises visiblement îvres m’ont alpaguées au passage et ont insisté pour que je leur conseille un lieu où danser et terminer leur nuit ... je me suis trouvé bien dépourvu, éloigné que je suis aujourd’hui de cette vie nocturne toulousaine, et ma gêne les a fait marrer ce qui a fini de me détendre après le coup de pression au ciné.

Partant d’Ariège - et plus précisement de la bibliothèque du Pic Noir, je suis à arrivé à Paris en bord de Seine, face à la bibliothèque F. Mitterand. J’aime beaucoup ce genre de détail qui tisse du sens avec les faits. De façon un peu similaire, le vendredi était une journée dédiée à l’Univers sur france inter : j’ai entendu cela en écoutant les frères Dardenne présenter leur dernier film ; puis le soir en cherchant où garer la voiture pour le week-end je me suis retrouvé .. rue Dardenne. Comme un clin d’oeil ... de l’univers ?

C’est d’ailleurs en redescendant vers le centre ville que j’ai croisé H. sur son vélo. Qui s’est arrêtée, surprise autant que moi de nous rencontrer là. Nous avons fréquenté le même UFR de Philo au Mirail, il y a ... de nombreuses années. UFR que nous avions occupé pendant de longues semaines, au cours desquelles j’ai pratiqué la philosophie telle que je la conçois : comme un dialogue permanent (une maïeutique ?) entremêlée d’actions concrètes. Cette rencontre inopinée m’a motivé à faire ce trajet, comme si j’allais là-bas pour participer à un élan plein de promesses, sinon un élan révolutionnaire (toujours cette naïveté comme moteur...)

Paris sans la pluie ne serait pas tout à fait Paris. Donc c’était bien Paris. Mais une pluie délicate, bien élevée qui a su s’arrêter avant de devenir pénible.
J’ai tout simplement longé la Seine pour remonter vers l’Institut du Monde Arabe, où se tenait la conférence. Aucune voiture n’y circule, ce qui est gage de tranquillité. Pour m’assurer d’être aussi anonyme que possible dans cette ville , j’avais aussi pris la précaution d’utiliser un vieux téléphone dont la batterie comme la puce peuvent s’ôter. Non, je ne suis pas paranoïaque ... je tiens à préserver ma vie privée. De toute façon, la conférence étant sur inscription, le trajet en bus étant nominatif, je ne prétendais pas ainsi me soustraire à une éventuelle surveillance : ça fait longtemps que je ne suis plus dupe. Mais on peut tout de même avoir envie de s’aménager quelques espaces de liberté - toute relative - dans cette société du contrôle permanent.

J’ai donc longé la Seine depuis la piscine Josephine Beker jusqu’au pont de Sully, au pas du flâneur matinal, attentif aux murs et à leurs messages, stickers, taggs et autres collages qui racontent un récit souterrain qui s’écrit la nuit - récit poétique - récit politique.

[note : je ne peux plus insérer d’images dans les articles...si je trouve la solution j’ajouterai plus tard mes trouvailles]

La conférence commençait à 14h, j’avais donc tout mon temps, mais la curiosité fut finalement la plus forte et après quelques détours j’ai repris le chemin de l’IMA. J’y suis arrivé vers 11h. L’entrée est gratuite et permet de circuler dans une partie du bâtiment, l’accès à la terrasse au 9 ème étage fut donc ma première étape. Le coup d’œil sur Notre Dame - encore emballée dans ses échafaudages - est le principal intérêt de cet espace assez curieux, coincé entre le restaurant chic et une salle de réunion. La trouvant ouverte et munie de tables et de chaises, je me suis installé là pour écrire.
Une prise électrique tout à fait bienvenue m’a permis de recharger mes appareils. Et je me suis dit que ce dérisoire larcin électrique pouvait compenser l’amabilité avec laquelle je faisait office d’hôte d’accueil improvisé aux quelques visiteurs égaréEs qui ne trouvaient comment rejoindre la terrasse panoramique : il faut entrer par le restaurant...
J’ai aussi pris le temps de manger ce que j’avais cuisiné, impossible pour moi de prétendre consommer quoique ce soit dans ce milieu hostile.

Une fois rechargé, des batteries jusqu’à l’estomac je me suis dit qu’il était un peu dommage de ne pas profiter du temps qu’il me restait pour visiter les salles du musée. Donc je suis redescendu prendre un ticket avant de remonter pour la visite. Fort intéressante au demeurant. Même si je suis toujours surpris du peu d’oeuvres exposées en regard de l’espace disponible dans les musées, je conseille à quiconque s’intéresse aux cultures du Moyen Orient d’y passer un peu de temps. J’y ai retrouvé Gilgamesh (dont l’épopée m’avait inspiré un récit "le mystère de la tablette"), j’ai grave kiffé les éléments les plus anciens et ceux des nomades de la péninsule, j’ai mieux compris la structure de la langue arabe grâce à l’expo "écrire ou calligraphier", quand aux "trésors sauvés de Gaza" j’avais en tête qu’ils étaient là - non pas grâce à une volonté particulière de les protéger du sionisme, non ; mais parce que les malles qui les contenaient avaient échoué en Suisse au début du génocide...
Bref.

L’heure du début de la conférence approchant, je suis descendu au sous sol pour me présenter à l’organisation et recevoir le bracelet violet qui nous rendrait complices temporaire d’une lutte débutée 77 ans plus tôt - sinon deux siècles plus tôt, au pied de Saint Jean d’Acre ...

La salle - louée pour l’occasion d’après ce que j’en ai compris - est vaste, les fauteuils confortables, et dans cet environnement très privilégié j’ai un instant perçu à quel point mes fringues froissés par la nuit dans le bus et mon sac à dos élimé, rapiécé, vert et noir me donnaient un air de zone ou de teufeur égaré là. Malgré cela et mes yeux fatigués, ni le balèze de la sécurité ni les dames retraitées chargées de distribuer les audio-truc pour la traduction instantanée n’ont semblé en être inquietEs. Ces dernières, visiblement non pro dans ce genre d’exercice mais pleine d’allant et prêtent à papoter quelques instants avec chacunE semblaient presque malicieuses et toute excitées de contribuer à l’événement. Dans ce halll d’accueil où étaient disposées quelques tables de presses, dans une ambiance familière et vraiment sympathique, les participantEs affluaient peu à peu et l’on sentait là une connivence propre aux militantEs qui se retrouvent fréquemment, d’une manif ou d’un événement à l’autre.

Beaucoup plus autoritaire, un homme âgé lui aussi semblait agencer le public dans la salle en fonction de critères mystérieux, motivés sans doute par un tri sélectif entre des habituéEs - ou guests - qu’il retenait sur les hauteurs de la salle face à la scène, et les plus anonymes - dont j’étais - qu’il intimait à descendre pour "remplir la salle". Alors que de toutes les manières, l’événement étant complet, la salle serait bel et bien remplie... On percevait chez lui la vocation de berger, habitué à user d’une fonction mystérieuse pour guider le troupeau sur la bonne voie...

J’ai donc pris place côté gauche à quelques rangs de la scène, un peu en retrait des sièges réservés à la presse, qui sont restés quasiment tous vides pendant la durée de la conférence puis se sont soudain remplis à l’approche de la dernière table ronde.
Quelques mots échangés avec mon voisin de gauche et ma voisine de devant ont eu pour effet de m’aider à me sentir à peu près légitime au milieu de cet appareil d’individuEs plutôt chics et en majorité plutôt agéEs : profs, chercheurEs, milieu intellectuel parisien (sans doute pas seulement) de cette gauche sûre de sa valeur et habituéEs à ce genre d’exercice.

C’est madame Tuaillon, présidente de l’AFPS qui a pris la parole pour ouvrir la conférence. Et dès cette intervention une atmosphère chargée d’une émotion lourde a plané dans cet espace si vaste et lumineux. Son intervention ne peut que confirmer la sincérité de son engagement. Ses mots ont posé l’ambiance de désarroi dans lequel peut plonger le sort de cette population de Palestine qui nous réunissait ici et l’injustice flagrante autant que l’incompréhensible désintérêt qu’il suscite.

Puis Madame Hala Abou-Hassira, ambassadrice de Palestine en France est montée sur scène, toute menue derrière ce haut pupitre, et l’émotion elle aussi est montée d’un cran, comblant tout l’espace de la salle depuis cet espace si ténu qu’elle occupait. Une émotion que porte non pas les mots mais les silences. Face à l’atrocité qui accable son peuple, ses mots se cherchaient des raisons d’expliquer - encore et encore - les mêmes injustices invraisemblables et pourtant bien réelles. Son intervention a fini de nouer mon larynx. J’aurais voulu que les lumières dans la salle soient éteintes. Pour pleurer discrètement.
La petite dame devant moi, avait prévu le coup et discrètement, elle chaussa une paire de lunettes de soleil pour sans doute faire la même chose.

Le photo-journaliste Mohammed Zaanoun n’ayant pu être présent sur place pour cause d’un avion cloué au sol, son témoignage direct fut remplacé par un montage de ses photos. Ce montage, sans filtre et présentant les choses comme elles sont c’est à dire terrifiantes fut projeté en fond pendant que se déroulait la première table ronde.

Celle-ci réunissait Sahar Francis, en duplex, directrice de Addameer, une ONG chargée de la défense des prisonniers palestiniens ; Pierre Galand, ancien sénateur belge et coordinateur général du tribunal Russell sur la Palestine et le docteur Ahmed Moghrabi, chef du département des grands brûlés et de chirurgie reconstructive de l’hôpital Nasser à Khan Younis à Gaza.
Ici, pour moi le malaise a commencé à s’installer. Et la question de "lancement" de la table ronde formulée par Meriem Laribi, journaliste indépendante y fut pour beaucoup. Je précise au passage que j’ai bloqué cette journaliste sur twitter au cours des premiers mois de génocide, lorsqu’elle a annoncé la publication d’un livre sur ce sujet. Exploiter une telle horreur pour faire avancer sa carrière n’est pas quelque chose que je peux ni soutenir ni même concevoir. La retrouver à cette place m’a d’emblée rendu circonspect et la formulation qu’elle choisît alors pour lancer ce débat acheva de me mettre mal à l’aise. En substance, elle demanda aux intervenantEs si oui ou non et comment israël violait-il le droit ? Comme si le niveau d’atrocité était encore à débattre et si oui, si possible en étayant avec les détails glauques qui pouvaient le prouver.
Le docteur Moghrabi tiqua d’ailleurs sur cette question.

A ce point, et pour évoquer un élément plus personnel quand à ma présence ici, j’ai bien remarqué qu’avant le début de la conférence, un tout petit conciliabule de quelques secondes tout au plus, réunissant Meriem Laribi, Sarra Grira et deux ou trois autres personnes (peut-être de l’OrientXXI) s’est tenu avec ma pomme dans le viseur. Cet instant furtif aurait pu changer la suite en ce qui me concerne : vu que ces personnes m’avaient identifié, un simple geste amical de leur part m’aurait encouragé à venir les saluer. Au lieu de cela, une gêne visible a coupé court à tout élan de sympathie. Ce n’est pas grave. C’est juste dommage. Mais passons.

Pour répondre à la terrible question de savoir si oui ou non et comment l’état génocidaire génocidait bien en Palestine, le docteur Moghrabi eut des mots très durs. Evidement que l’horreur absolue que lui même avait vécu - notamment se retrouvant seul chirurgien dans un hôpital attaqué, bombardé, débordé de corps en miettes avec quasiment aucun moyens pour faire face - pouvait aisément prouver que l’état génocidaire génocide bien en Palestine. Ses descriptions, illustrées par le montage des photos de Mohammed Zaanoun derrière lui rendirent l’atmosphère électrique. Et le public n’eut de cesse d’applaudir à chacune de ses phrases remplies d’une colère légitime face à l’inaction complice d’un occident qui exploite ce Spectacle (il a lui même prononcé le mot - que j’affectionne tant pour décrire l’inanité du militantisme de gauche). Ces applaudissements ont dans mon coeur résonné comme un outrage, une humiliation supplémentaire, lui coupant la parole comme si finalement, les atrocités qu’il énumérait dérangeaient ce public si friand de sensationnel et qui par ce réflexe propre au spectacle, tentait de la faire taire. Il a tenu bon. Et son témoignage va me suivre longtemps. Comme une des rares paroles de vérité exprimée sans filtre, sans chercher à préserver un auditoire délicat et bien élevé.

La même colère s’est exprimée dans la prise de parole de Sahar Francis. Elle a décrit les conditions dans lesquelles sont maintenuEs les prisonniers Palestiniens. Souvent sans procès. Elle a décrit les privations du droit, oui - mais aussi les privations de soins, de nourriture, les viols, les tortures physiques et psychologiques auquelles sont confrontéEs des hommes, des femmes et aussi des enfants. Elle a crié sa colère devant l’inaction et l’indifférence elle aussi. Elle a expliqué son rôle et celui de l’ong qu’elle représente, les entraves à l’exercice des plus élémentaires conventions internationales, les pressions qu’elle même subit au quotidien, l’horreur récurrente, quotidienne et qui tend à se normaliser, l’inhumanité des oppresseurs colonisateurs génocidaires et la déhumanisation institutionnalisée qui réduit à rien des êtres humains.
Tout cela a été énoncé dans un débit de paroles rapides et acérées comme des lames de rasoir. Le public continuant à applaudir mais moins. Vu les yeux au ciel qu’elle leur lançait.

Pour apaiser cette ambiance de rage - rage que je partageais les yeux embués - rage que j’avais emmenée avec moi sous la forme d’un tweet - et d’une phrase bouleversante lue quelques jours plus tôt, partagée par le compte @PoetsGaza : "our griefs has become a commodity for others to exploit, a tool for gaining fame and followers". Rage de voir cet occident exploiter l’horreur pour servir ses carrières, ses visées électorales ou ses réputations.
Pour apaiser cette rage donc, l’intervention de Pierre Galand tomba fort bien.


Soutenir par un don