je ne suis proche de rien, ce qui me rend flou - publié le 9 juin 2016

jeudi 9 juin 2016
par  dvial
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je ne suis proche de rien, ce qui me rend flou

Répéter, le soupir en avant, la pendule décalée qui masque la vitesse. Accepter que l’on regarde avec méfiance ou ironie le diable indigent qui se pose là, incapable de s’adapter à ce que l’on considère communément comme la communauté des humains : ceux-là même qui ressemblent à quelqu’un. A quoi ressembles-tu toi ? Dans ton camion sans âge, dans ta vie de bouts de ficelles ? Quelle image, quel récit écris-tu à mesure que tu t’affranchis des normes raisonnables ? Quel rôle envisages-tu à coup de sabotages autorisés de ta vie que tu émiettes au lieu de construire comme ils disent ? Une histoire, un projet en pousse un autre, s’empilant sur les précédents pour monter les murs de la bâtisse bourgeoise qui ne saurait s’élever comme une étoffe de réussite autour de toi. Les murs m’étouffent. Créer seul est une gageure, un doigt d’honneur levé à la face de celles et ceux qui cherchent juste à vivre, disséminé-es autour du feu sacré qui crépite et se répand en illusions sourdes autour de la table ronde : socle commun de nos quêtes singulières.

A la surface impeccable des mondes partagés par tous, il n’y aurait donc nulle ride, aucun pli périlleux dans lequel risquer de se perdre, aucune place offerte à la mer infinie, à la sensualité délicate des aveugles qui tâtent tout autour d’eux les contours incertains d’un réel bien ténu qui se souffle en aveux ? De ceci à cela il y a bien plus qu’un pas malhabile, bien plus qu’une trappe qui s’ouvre et sous laquelle on aperçoit, par défi, un autre monde instable et inquiet de n’être que rêvé. Car on s’attend, au final, à ce que seul-e celui ou celle qui joue le jeu torve de la vie qui se vend et s’achète ait le droit, même fugace, à un bonheur convenu.

Le mensonge règne en maître absolu sur la peur d’être. Que pensez-vous être ? Tout remettre en questions ne peut que s’avérer salvateur dans un monde qui se vante d’inventer des micro-robots pollinisateurs au lieu de mettre hors d’état de nuire la chimie démoniaque qui extermine l’abeille. Il y a dans ce que vous nommez ‘progrès’ un mensonge éhonté, une farce dramatique, une œuvre diabolique à laquelle je refuse de participer. Ni mon temps, ni mon énergie ne peuvent alimenter votre folie furieuse sans que quelque chose en moi ne meure. Faible braise faite de chaire et de sang qu’un souffle éveille et entretient, je ne crois pas en votre humanité augmentée. La seule voie sincère mène à l’humanité éveillée, consciente que la conscience existe en tout ce qui vit.

Nous sommes issus d’un étirement du temps vieux de treize milliards d’années, nous sommes lié-es à tout dans l’univers … et vous voulez nous faire croire que le seul idéal raisonnable est de travailler pour se payer un costard ?

Nul besoin de costume, je ne joue pas dans votre théâtre.


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