salut à toi néandertalE !
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Il semble donc que quelque chose se passe ? J’entends que l’on parle de changer le système ? Soit. Soyons alors radicaux. Radicales. Allons à la racine. Du nez.
Si l’on commence par ôter ces lunettes invisibles qui, posées sur notre nez nous faussent la réalité : sous prétexte de nous en protèger ou de l’améliorer ces prothèses modifient notre perception du réel, ôtons les donc et alors, que voyons nous ?
Un sapiens-sapiens tout puissant. Arrogant et vénal. Qui étiquète avec méthode d’un code barre et d’un prix, chaque parcelle de vie sur Terre, responsable (à lui seul !) d’une extinction massive d’espèces : la sixième, et d’une strate géologique pourrie de plastiques et des toxiques accessibles sur terre comme s’il avait entrepris de filtrer la surface du globe pour la stériliser, tout en nourrissant des fantasmes d’immortalité religieuse ou technologique, transhumaniste ou directoriale, évangéliste ou cybernétique ; tout en nourrissant des fantasmes de fuites interstellaires pour porter plus loin son oeuvre de réduction systématique du vivant par le travail qu’il vend à des gestionnaires du temps qui contrôlent la matière, l’énergie et leurs flux. Car seul-es les sapiens-sapiens jouissent de ce spectacle d’effroi aussi absurde que terrifiant par le peu d’intérêt qu’il suscite à l’échelle de l’univers.
Chacun-e ses problèmes n’est-ce pas ? Ou bien chacun-e son karma. C’est pareil. Mais je connais un-e thérapeute excellent-e qui vous aidera à mieux supporter l’intolérable. A un prix éthique. Conditionné-es, puis recontionné-es au besoin par des déconstructions positives… chacun-e tente de continuer à croire à ce mensonge commun, à jouer dans cette farce globale que les participant-es que nous sommes s’exhortent à tenir pour vraie. Alors qu’elle ne l’est pas du tout.
Ce théâtre macabre est une vaste mise en scène visant à nous convaincre que sapiens est l’idéal du modèle de troupeau et sapiens-sapiens ses bergers naturels. Quand aux néandertalien-nes, dont je me sens palpiter dans les artères, souvent égaré-es, un peu perdu-es dans ce trafic de sens inversés et d’imaginaires corrompus, contrarié-es tel le gaucher rééduqué, incapables de jouer le jeu ni parfois même de le comprendre, peu industrieux-ses, pourtant fins observateurs pour vivre en bonne compréhension, en bon entendement avec ce qui les entoure, les néandertalien-nes sont rétifs et rétives aux idéologies et aux dogmes, aux règles et aux normes – par inadvertance. Par profonde incompréhension que cette mise en perspective historique de la prédominance de l’humain sur le reste du vivant soit un fondement de civilisation. Cela ne peut en aucun cas être un programme politique ni un projet de société. C’est au mieux une erreur de jugement…mais bon, on peut toujours la considérer obsolète et passer à autre chose.
A quoi donc ? Un truc terrible. Un truc qui fait flipper tout le monde. Surtout celles et ceux qui profitent de cet état des choses. Quel est donc ce truc ?
Bien sûr c’est… la …. liberté. Voui, voilà le grand danger capable de fissurer les murs du théâtre, et les planches de la scène et les décors, connu depuis des millénaires, depuis que certain-es sapiens auto-proclamé-es sapiens-sapiens se sont arroger le droit d’en asservir d’autres et de s’accaparer les terres et les ressources naturelles, partout, par colonisation forcée, par le massacre des récalcitrant-es et l’humiliation des converti-es.
Aujourd’hui néandertal-e est anecdotique, son influence est ténue. A la fois relégué-e dans des réserves et éparpillé-e dans le tissu même de notre humanité, dilué-e un peu partout dans la société comme l’est dans la terre de la vallée la neige saupoudrée là, quand elle fond ; néandertal-e (en nous) est une solution précieuse à nos dérives. C’est le miroir archaïque de nos altérités dans lequel le reflet confus de notre humanité sapiens-sapiens peut nous apparaître net un instant, enfin libéré de toute arrogante supériorité factice.
Humanité accueillante, souriante et joyeuse, encline à combiner ses talents multiples et à prendre le temps de vivre, en paix.
d.vial 4 janv. 2019